2008 : 150e anniversaire des relations diplomatiques franco-japonaises - Extrait d'un discours de M. François Fillon, Premier ministre, en voyage officiel au Japon du 10 au 13 avril 2008.
Mais pas un mot sur les échanges culturels entre la France et le Japon.
■ A la suite, discours intégral de M. François Fillon, Premier ministre, sur les relations franco-japonaises, le développement des échanges économiques et la rénovation de la gouvernance mondiale, Tōkyō le 11 avril 2008. Voyage officiel au Japon du 10 au 13 avril 2008 ; intervention devant le Keidanren le 11 :
« Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais si vous me le permettez d'abord remercier le Keidanren, son président Fujio Mitarai avec lequel je viens de m'entretenir, le vice-président Yonekura ainsi que l'ensemble de ses membres pour l'accueil qu'ils ont bien voulu me réserver aujourd'hui.
Comme vous l'avez dit monsieur le vice-président, la France et le Japon célèbrent cette année un anniversaire important, le 150e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques, et pendant cette année de commémoration, il se trouve que le Japon va présider le G8 et que la France assumera, au second semestre de l'année, la présidence de l'Union européenne. C'est donc une conjoncture propice au renforcement de nos liens d'amitié, à l'approfondissement de notre dialogue politique, et au développement de nouvelles coopérations économiques et technologiques franco japonaises. J'ai évoqué tous ces sujets, ce matin, avec votre Premier ministre et la visite qu'effectuera au mois de juillet le président de la République, Nicolas Sarkozy, sera l'occasion de confirmer cette volonté.
Sur le plan politique, la France et le Japon entretiennent des relations excellentes, des relations qui sont marquées par une très grande convergence de vues et une communauté de valeurs. La France soutient la candidature du Japon à un siège de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, le dialogue politique et stratégique entre nos deux pays est à son meilleur niveau. Il permet notamment de constater une très grande identité de vues sur la question de la non prolifération nucléaire, sur le sujet de la lutte contre le terrorisme, du développement durable ou encore de l'Organisation mondiale du commerce. Les relations privilégiées entre la France et le Japon constituent un atout dans le développement du dialogue euro asiatique au sein de l'ASEM, qui est l'enceinte du dialogue entre l'Europe et l'Asie.
Mais aujourd'hui, au-delà de ces relations politiques excellentes, je voudrais vous parler de nos relations économiques dont je pense qu'elles peuvent être grandement améliorées. Elles peuvent être grandement améliorées parce que le potentiel que représentent ces relations est énorme. Le Japon est la deuxième économie mondiale et la France est au coeur du plus grand marché du monde, le marché unique européen avec ses 500 millions de consommateurs. Le Japon et la France sont deux grandes puissances industrielles qui, toutes les deux, souhaitent se donner les moyens de rester compétitives dans une économie globalisée. Notre développement économique continue à reposer, pour une très large part, sur le savoir faire de nos entreprises et sur l'innovation technologique, c'est une dimension très importante de notre relation. Après 1858, le Japon s'est souvent tourné vers la France et vers ses ingénieurs pour poser les bases de sa révolution industrielle. Plus récemment, c'est le modèle technologique et industriel japonais qui a exercé une très forte attraction sur les économistes et les entrepreneurs français. Et aujourd'hui, les entreprises de nos deux pays sont engagées dans la promotion de nouvelles technologies et d'industries plus respectueuses de l'environnement, elles coopèrent dans le secteur de l'industrie nucléaire, de l'automobile et peut-être demain, je le souhaite, dans le domaine de l'aéronautique et du spatial.
Je voudrais à cet égard rendre hommage à la Chambre de commerce française au Japon, la plus importante à Tokyo après la Chambre américaine. Cette Chambre de commerce et d'industrie française au Japon fête cette année son centenaire. Et puis je voudrais rendre hommage aussi bien sûr au club franco-japonais des affaires, dont je salue ici les deux coprésidents, monsieur Yochiharu Fukuhara, le président honoraire de Shisheido, et monsieur Henri Lachmann.
Pourquoi est-ce que le potentiel de nos relations économiques me paraît encore trop peu exploité ? D'abord parce qu'en matière de commerce bilatéral, les performances sont très modestes. La France est le seizième fournisseur du Japon, et sa part de marché stagne à moins de 2 % depuis une dizaine d'années alors même que la France représente environ 5 % du marché mondial. Notre balance commerciale bilatérale est déséquilibrée au détriment de la France, nous accusons un déficit commercial de plus de 4 milliards d'euros, alors même que nous disposons de grandes entreprises reconnues et appréciées dans le monde entier, comme de petites et moyennes entreprises dynamiques et compétentes dans pratiquement tous les secteurs de l'économie. Les chiffres ne sont donc pas à la hauteur de nos espérances et ils ne sont pas à la hauteur des capacités de notre économie. Nous avons évoqué aujourd'hui, avec le Premier ministre Fukuda, les moyens de développer nos relations en assurant un accès réciproque aux exportateurs et aux investisseurs des deux pays. Cela n'est pas une question de droits de douane, les droits de douane entre la France et le Japon sont pour la plupart très peu élevés. Il s'agit avant tout de réexaminer un certain nombre de réglementations qui ne contribuent pas à la fluidité des échanges. Il y a naturellement des raisons à l'existence de certaines barrières non tarifaires, ces raisons sont liées aux traditions de chacun de nos pays et à la protection des consommateurs, mais pour d'autres de ces barrières, je pense que nous devons nous poser la question de savoir si elles bénéficient réellement aux consommateurs japonais, et finalement à l'économie japonaise tout entière, ou si elles n'ont pas des effets indirects contreproductifs.
Cette question se pose notamment pour des marchés porteurs comme l'agroalimentaire, la santé, ou encore les marchés publics. En matière d'additifs alimentaires par exemple, la non reconnaissance par le Japon de standards internationaux de l'Organisation Mondiale de la Santé prive le consommateur japonais d'un plus grand choix. Parmi les produits agroalimentaires français exportés dans le monde, près de la moitié ne peut pas l'être au Japon. Je voudrais dire un mot aussi des délais d'homologation des médicaments qui sont quatre fois plus longs au Japon qu'en Europe ou aux Etats-Unis parce que les fabricants étrangers doivent, à chaque fois, y reprendre à zéro leurs tests cliniques.
En matière de marchés publics enfin, l'Union européenne est aujourd'hui la zone économique la plus ouverte du monde. Ses marchés y représentent plus de 1500 milliards d'euros par an. Cette ouverture est un atout pour l'Europe, mais naturellement les entreprises européennes souhaitent en retour pouvoir accéder aux marchés publics des pays tiers et en particulier aux marchés publics japonais. Nos deux pays savent bien que leur prospérité économique de long terme dépend de leur insertion dans le commerce mondial, et que celui-ci suppose le respect aussi large que possible des principes de réciprocité et de concurrence loyale et équitable. La réciprocité en matière de marchés publics fait d'ailleurs partie des sujets sur lesquels la Commission européenne est fortement engagée à l'OMC et dans les négociations bilatérales.
Je voudrais donner un autre exemple de résultat décevant pour l'Europe, comparé à ses aspirations, et je le fais en présence du président d'EADS, c'est l'exemple d'AIRBUS. AIRBUS, qui fait jeu égal avec BOEING dans le monde avec 50 % du marché global. AIRBUS, qui vient de s'imposer sur le territoire même des Etats-Unis avec un marché de 179 appareils pour les appareils ravitailleurs de l'armée américaine. Eh bien AIRBUS dispose à peine de 5 % du marché japonais. C'est pourtant une entreprise qui propose un avion, l'A380, qui permet d'emporter plus de voyageurs plus loin en utilisant moins de carburant. Je pense qu'il est dans l'intérêt des consommateurs japonais et de toute l'économie japonaise de considérer l'offre qu'AIRBUS fait avec cet avion révolutionnaire.
Les échanges économiques, ce sont aussi les investissements directs. Dans ce domaine, la performance française au Japon est bonne. Avec 11 % du total, la France est le deuxième investisseur au Japon après les Etats-Unis. Vous avez tous en tête, naturellement, le partenariat RENAULT-NISSAN, mais on peut aussi citer les très belles opérations françaises dans le domaine financier avec AXA Japon - que j'aurai l'honneur de visiter tout à l'heure - ou encore dans le secteur des matériaux de construction avec LAFARGE et ASO CEMENT. Je pense également à la société AIR LIQUIDE qui est présente au Japon depuis 1907 et qui a créé une filiale commune JAPAN AIR GASES avec son partenaire japonais. La France est le troisième pays d'accueil des investissements étrangers dans le monde derrière les Etats-Unis et le Royaume Uni, je m'en félicite parce que l'investissement étranger c'est une richesse pour un pays, c'est un atout pour l'emploi, et c'est une preuve de la qualité de ses infrastructures, de ses chercheurs et de ses écoles. C'est la raison pour laquelle je salue la volonté du gouvernement japonais de doubler le volume des investissements étrangers au Japon, d'ici 2010. Certes nous sommes aussi préoccupés par l'émergence de nouveaux investisseurs qui ont parfois des visions purement financières de court terme et qui ne répondent pas à des logiques industrielles. Certains fonds souverains se comportent de manière irréprochable et sont des investisseurs précieux pour nos économies et pour nos entreprises. Ce qui nous inquiète, comme le Japon, ce sont ceux qui poursuivent des objectifs avant tout politiques, et je veux dire que face à ceux-là, comme vous, nous n'entendons pas rester sans réagir. Le G7 des ministres des Finances a chargé le fonds monétaire international, l'OCDE et la Banque Mondiale de définir des bonnes pratiques pour ces fonds en termes de transparence et de gouvernance.
Comme vous le voyez, nos espoirs dans l'évolution du Japon sont très grands. Mais naturellement, je voudrais aussi vous parler de la France et de ce qu'elle a à offrir. La France est un pays qui est déjà ouvert comme nous en discutions à l'instant, monsieur le vice- président, aux investissements étrangers. C'est même la première destination de l'investissement japonais dans la zone euro, les entreprises japonaises y représentent 600 établissements et près de 60 000 emplois. On se souvient de l'investissement majeur de TOYOTA à Valenciennes en 1997 mais on pourrait aussi citer les investissements de KOYO SEIKO, de MITSUBISHI ELECTRIC, de SONY, de CANON, et tout dernièrement de l'équipementier automobile MARUYASU et du centre de recherche et de développement de RENASAS.
Enfin, et c'est sur ce point que je voudrais insister, mon pays a beaucoup à offrir parce qu'il est en train de beaucoup changer. Il est en train de beaucoup changer en particulier sous l'impulsion du président de la République, Nicolas Sarkozy, depuis son élection il y a maintenant onze mois. Nous sommes en train de mettre en oeuvre un train de réformes historiques avec un objectif simple : nous voulons mieux valoriser nos atouts, nous voulons libérer nos forces productives, nous voulons faire de la France une économie de plus en plus attractive pour les entreprises les plus dynamiques du monde et donc en premier lieu pour les entreprises japonaises. Nous avons commencé à réformer notre marché du travail, pour le rendre moins rigide et plus dynamique. Nous encourageons le travail par un mécanisme fiscal de détaxation des heures supplémentaires, nous sommes sortis définitivement de cette vision erronée qui postulait que c'est en partageant le travail disponible que l'on crée plus de richesse. Nous sommes en train de moderniser le contrat de travail, nous réformons l'assurance chômage pour édifier un modèle de flexsécurité qui garantira aux entreprises davantage de flexibilité qu'il n'y en avait dans le système français traditionnel. Parallèlement, nous conduisons un très grand effort de réformes dans le secteur de l'université, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Pour favoriser l'émergence d'une économie de l'intelligence, nous renforçons notre potentiel de recherche. Nous avons réformé nos universités en profondeur pour leur donner beaucoup plus d'autonomie, afin de les aider à développer des projets et des partenariats innovants. Nous avons augmenté considérablement les budgets de la Recherche et de l'Enseignement supérieur et nous visons l'émergence, d'ici cinq ans, d'une dizaine de campus universitaires de visibilité mondiale. Nous avons engagé un effort très important de réformes et de soutien à la recherche et au développement privé. Nous avons ainsi doublé les moyens pour soutenir l'innovation des petites et moyennes entreprises. Nous avons renforcé notre dispositif fiscal d'aide à la recherche opérée par les entreprises, ce qu'on appelle le crédit impôt recherche, en triplant l'engagement financier actuel. Ce dispositif est désormais le plus incitatif et le plus performant au sein de l'ensemble de l'Union européenne.
Nous avons fusionné nos organismes publics de soutien à l'innovation, pour les rendre plus efficaces. Nous continuons à chercher à rapprocher la recherche privée et la recherche publique grâce à ce que nous appelons nos pôles de compétitivité. Ces pôles de compétitivité sont très largement inspirés du modèle des clusters japonais et rencontrent un très grand succès, ils incarnent la nouvelle ambition de compétitivité de la France. Nos 71 pôles labellisés rassemblent aujourd'hui plus de 5000 établissements industriels, soit 3 % de l'emploi salarié français et 11 % de l'emploi industriel. Nous sommes d'ailleurs en train de lancer une nouvelle phase de leur développement, pour faire émerger de véritables clusters de niveau mondial. Enfin nous avons entrepris un très grand effort de sécurisation et d'amélioration de l'environnement des entreprises innovantes, nous soutenons le développement des business Angels. Nous créons de nouvelles incitations fiscales pour réorienter les flux financiers massifs vers les entreprises qui en ont besoin. Nous préparons un statut unique pour toutes les entreprises de croissance et nous allons favoriser les souscriptions au capital de PME en phase d'amorçage de manière à canaliser l'épargne vers l'innovation et la croissance. Ce pari pour une économie de l'intelligence porte déjà ses fruits, je ne prendrai qu'un seul exemple, celui de l'Internet et des réseaux à haut débit. En matière de haut débit, notre pays a très largement rattrapé le retard qu'il avait pris ces dernières années. 94 % de nos foyers connectés à Internet ont maintenant le haut débit, la France est désormais mieux équipée que les Etats-Unis, et 30 % des blogs actifs dans le monde sont français. L'Internet mobile est en train d'exploser, une nouvelle révolution est en train de s'amorcer, porteuse de perspectives gigantesques en matière de nouveaux services. Nous travaillons aujourd'hui sur un développement massif de la fibre optique sur l'ensemble du territoire français.
Outre cette évolution de notre politique industrielle, nous assainissons et nous modernisons notre appareil administratif et institutionnel. Nous voulons le mettre au service du dynamisme économique de nos entreprises. Nous réformons l'Etat pour réduire ses dépenses, pour améliorer son efficacité et pour assainir nos finances publiques. Nous réformons le statut de notre Fonction publique. Nous lançons une grande réforme fiscale pour rationaliser un système devenu beaucoup trop complexe et beaucoup trop pénalisant pour l'activité économique. Et enfin nous sommes en train de réformer notre modèle de dialogue social pour que les évolutions nécessaires ne donnent plus lieu systématiquement à des conflits sociaux, mais à une négociation constructive entre les acteurs responsables au bénéfice de tous. Et je me réjouis de ce point de vue que les partenaires sociaux aient, hier, abouti sinon à un accord, du moins à ce qui va permettre au Parlement français de mettre en oeuvre une très grande réforme du dialogue social.
Voilà mesdames et messieurs, comme vous le voyez, la France change, la France n'a pas peur de la mondialisation. Elle veut se donner simplement les moyens d'y participer pleinement, elle est déjà pleinement insérée dans la plus grande zone de libre échange du monde, celle de l'Union européenne, avec 500 millions de consommateurs et un produit intérieur brut de 16 600 milliards de dollars. Elle veut maintenant accélérer son insertion dans le marché mondial. L'ouverture de l'économie c'est la performance des entreprises, c'est la simplicité des réglementations que j'évoquais tout à l'heure, c'est aussi la circulation des personnes et je voudrais, à cet égard, me féliciter que les mesures nécessaires aient été prises pour faciliter le déplacement des hommes et des femmes d'affaires entre nos deux pays. Je sais que c'était une attente forte du Keidanren. De nouvelles mesures seront prises dans les prochains mois pour améliorer encore l'accueil en France des dirigeants étrangers, de leurs salariés, de leur famille. Sur le plan franco-japonais, la convention de Sécurité sociale franco-japonaise du 25 février 2005 et l'avenant à la convention fiscale du 11 janvier 2007 vont faciliter également grandement cette mobilité. De même nous allons travailler avec le gouvernement japonais pour développer le nombre de jeunes Français travaillant au Japon, comme volontaires internationaux en entreprise. Ce matin, avec le Premier ministre, nous avons voulu encourager le mouvement d'intensification des relations économiques entre nos deux pays en adoptant une déclaration économique franco-japonaise. Ce texte détaille nos priorités communes, comme le renforcement de la lutte contre la contrefaçon dans le monde, nos engagements mutuels, notamment la réduction des barrières non tarifaires au commerce entre nos deux pays, et enfin les axes de coopération renforcée entre les clusters japonais et les pôles de compétitivité français. Nous avons aussi lancé les initiatives France-Japon, un programme de plus de 100 rencontres économiques, technologiques et industrielles, qui sont organisées en France et au Japon en 2008. Enfin nous avons adopté une déclaration commune sur le nucléaire. Il s'agit d'un secteur où nos deux pays sont des leaders mondiaux et des partenaires de premier plan, depuis trente cinq ans. J'aurai d'ailleurs l'occasion de visiter demain l'usine de retraitement de Rokkasho Mura, construite en partenariat avec AREVA.
Je voudrais terminer en vous disant un mot des perspectives de coopération qui s'ouvrent à nos deux pays, face aux grands défis globaux de notre époque :le changement climatique, la question de la sécurité énergétique, celle de l'instabilité économique et financière, l'aide au développement, la consolidation de la paix et de la sécurité. Sur tous ces sujets, nous avons des approches communes, nous partageons les mêmes valeurs, et nous sommes confrontés à des contraintes qui sont similaires. Nous avons donc tout intérêt à avancer la main dans la main. A nous de trouver des synergies entre la présidence japonaise du G8 et la présidence française de l'Union européenne. Oeuvrons ensemble à la réforme des institutions multilatérales. Je veux rappeler que la France continuera de se battre pour que le Japon, l'Allemagne, le Brésil et l'Inde deviennent membres permanents du Conseil de sécurité, avec une représentation équitable du continent africain. Je l'ai rappelé ce matin au Premier ministre Fukuda, et le président de la République ne cesse de le rappeler à chaque fois que l'occasion lui en est donnée. La France est aussi attachée à ce que le G8 reflète les nouvelles réalités mondiales, et donc s'ouvre progressivement aux grands pays émergents. Je pense qu'on ne peut pas rester fermé sur des schémas qui ne correspondent plus aux réalités du monde d'aujourd'hui. On ne peut pas discuter des affaires du monde en ignorant 2 milliards et demi d'habitants qui ne sont pas conviés à donner leur avis. Nous attendons en retour, des pays émergents, qu'ils acceptent les responsabilités qui leur reviennent dans le monde actuel et en particulier qu'ils s'engagent vigoureusement dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Outre cette rénovation de la gouvernance mondiale nous devons traiter ensemble trois défis incontournables : le réchauffement climatique d'abord, la présidence japonaise a souhaité en faire la grande priorité du sommet du G8. Nous espérons que le sommet de Hokkaido permettra de faire progresser les négociations sur le climat dans le cadre des Nations Unies. Les pays industrialisés ont un rôle essentiel pour montrer la voie vers une croissance "dé carbonée" et pour inciter les pays émergents à participer réellement à la lutte contre le réchauffement. Le deuxième sujet c'est l'aide au développement, nous sommes en étroite concertation avec le Japon dans ce domaine. Le sommet de Hokkaido et la prochaine conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique seront l'occasion de renforcer nos partenariats. Nous partageons avec le Japon, je l'ai encore vérifié ce matin, la même approche du développement fondée sur le respect des critères de bonne gouvernance avec trois priorités pour l'Afrique : développer l'aide au secteur privé, développer les infrastructures et améliorer l'environnement des affaires.
Enfin dernier sujet, c'est la stabilité des marchés financiers. La stabilité des marchés est vitale pour nos économies, et comme on peut le constater ces dernières semaines ou ces derniers mois, elle est loin d'être acquise. Il faut impérativement que nous renforcions la transparence des marchés, que nous assurions une plus grande responsabilité des acteurs de ces marchés financiers. Nous devons pour cela réfléchir au rôle des agences de notation, au développement des règles internationales sur la liquidité des banques, au rôle de prévention du Fonds monétaire international et à une plus grande coopération des autorités de régulation.
Voilà, comme vous le constatez, nous avons beaucoup à faire ensemble. C'est ce que nous allons essayer d'accomplir à l'occasion de cette année qui est à la fois l'année du 150e anniversaire de nos relations diplomatiques mais aussi celle où le Japon et la France vont exercer des responsabilités internationales qui leur permettront de marquer, plus fortement qu'à l'habitude, leur empreinte dans les affaires du monde. C'est une année qui, je l'espère, permettra de renforcer les relations économiques entre la France et le Japon. C'est le souhait le plus cher d'une France qui, dans la phase de modernisation qu'elle connaît, regarde logiquement de plus en plus vers le Japon et qui souhaite que ce rapprochement soit parallèle, que le Japon ait aussi à coeur de venir régulièrement constater les progrès que réalise l'économie française et constater que la France est la meilleure porte d'entrée sur le grand marché européen.
Je vous remercie. »
Source : cabinet du Premier ministre, 17 avril 2008 :
vendredi 30 mai 2008
234. Discours de M. François Fillon, Premier ministre, en voyage officiel au Japon
Publié par Nobuko Matsumiya à vendredi, mai 30, 2008
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